Ce carnet de voyage se compose pour chaque ville d’un court billet décrivant une impression ressentie dans les capitales européennes ou d’un thème évoqué lors de mes rencontres avec leurs habitants.
Paradoxalement, le récit d’une journée d’impressions à Madrid commence la nuit. Sans distinguer la semaine du weekend, les jeunes Madrilènes se retrouvent au-delà de minuit pour consommer bières et tapas dans les cerveceria situées entre la Puerta del Sol et la Plaza Mayor.
Les Espagnols sont connus pour vivre et manger selon un rythme décalé de deux heures par rapport à leurs voisins français, mais cette décontraction tardive suscite l’étonnement au regard de la situation économique du pays. L’Espagne a été davantage frappée par la crise que ses partenaires européens en raison de l’éclatement de la bulle immobilière, sur laquelle était fondée sa croissance des années 2000. Depuis 2008, le taux de chômage avoisine les 20% de la population active.
La jeunesse fêtarde ne se considère pas comme inconsciente ; elle plaide plutôt pour l’insouciance. Le marché de l’emploi espagnol semble particulièrement désincitatif à la reprise du travail : il est plus avantageux de poursuivre ses études sans fin ou de se déclarer au chômage pour profiter d’une indemnité supérieure à 500€ tout en effectuant un travail non déclaré aux impôts plutôt que de se contenter du salaire minimum de 600€.
Dans un pays menacé par le vieillissement (le taux de fécondité est de 1,5 enfant par femme), l’opposition apparente entre une jeunesse précarisée qui retarde son installation définitive dans la vie professionnelle et les quarantenaires encravatés qui s’affairent en journée sur Gran Via interroge sur les perspectives de l’Espagne.
Cependant, la « joie de vivre », que les Madrilènes se plaisent à mettre en avant comme valeur constitutive de leur identité, n’est pour le moment pas entamée par les inquiétudes qui pèsent sur la soutenabilité du modèle espagnol à moyen terme. Il n’est pas encore 2h du matin, vous reprendrez bien un petit verre de sangria !
Que de clichés galvaudés et de fausses interprétations pseudo politico-sociologiques dans ce billet ..! A cela s’ajoute une vision totalement partielle et partiale de la capitale espagnole que vous ne connaissez visiblement pas (« tous les parisiens se pressent à Saint Germain le soir venu pour prendre un verre » serait du même acabit)
Alors oui, les Espagnols vivent à un rythme décalé du notre (encore que, les étudiants français dînent rarement à 19h pour se coucher à 22h, mais passons), et alors ? Ce n’est pas parce que les jeunes sortent plus tard qu’ils n’ont pas conscience de la situation économique précaire de leur pays ! Les Grecs devraient-ils aussi tous restés reclus chez eux sous prétexte que leur pays est dans une situation difficile ? Les liens de causalité que vous faites sont pour beaucoup étonnants, et pour certains franchement révoltants !
Et vous croyez franchement que « les jeunes espagnols » (que sont « les jeunes » d’ailleurs ? Mais ceci est une autre question) aient véritablement envie de rester au chômage ou de continuer à vivoter grâce aux bourses plutôt que de travailler ? J’en doute fort, et s’il en est qui pensent effectivement cela, cela ne permet en aucun cas d’en faire une généralité. Généralités que vous égrainez et enchaînez à un rythme impressionnant tout au long de ce texte pourtant court.
J’arrêterai là ma « critique » de ces fausses observations généralisées à outrance … Ce qui me paraît plus grave, c’est que vous semblez passer totalement à côté de ce qui se passe vraiment en Espagne. Je vous invite ainsi à regarder cet article de la BBC, titré « Spanish youth rally in Madrid echoes Egypt protests » (http://www.bbc.co.uk/news/world-europe-13437819).
A méditer !
@ Florian : Je ne prétends aucunement connaître parfaitement les différentes villes que je parcours pendant seulement quelques jours, et encore moins dresser une analyse objective et exhaustive de la situation locale. Comme je l’explique en introduction, il s’agit plutôt de présenter rapidement une visite, un fait, une situation ou un élément de conversation qui m’a interpellé dans chaque ville.
Pour Madrid, c’est clairement ce décalage entre la précarité économique de la jeunesse (jusqu’à 40% de chômage) et l’ambiance positive des jeunes rencontrés qui m’a marqué. Il suffit de comparer leur attitude vis-à-vis de cette situation avec celle de leurs voisins français ou portugais pour voir qu’il y a une spécificité espagnole sur cette question. Cette interrogation a guidé mes discussions avec eux, jusqu’à ce qu’ils m’expliquent qu’il était répandu de cumuler indemnisation chômage ou poursuite d’études et travail au noir. Je ne dis pas que tous les jeunes Espagnols le font ou qu’ils s’en réjouissent. J’insiste juste sur cet élément de ma découverte de Madrid, une ville que j’ai par ailleurs beaucoup appréciée et à laquelle j’ai consacré d’autres articles bien plus positifs !
Enfin, les « jeunes » en question sont ceux qui ont répondu à mes questions et dont vous pouvez retrouver les interviews sur le site. Je les ai rencontré par contact ou par hasard, comme tous les autres dans ce projet. Sont-ils représentatifs de leur pays ? Ni plus ni moins que les autres…
Je serais par ailleurs ravi de publier ici un billet moins partiel et partial que vous pourrez rédiger sur la jeunesse espagnole.
J’ajouterai d’ailleurs que si j’avais écrit ce billet, c’était avant tout parce que je ne comprenais pas pourquoi les jeunes ne se révoltaient pas contre cette contradiction du marché de l’emploi espagnol… et non pour justifier ce système, dont j’ai évoqué l’insoutenabilité en conclusion !
Dès lors, les manifestations de jeunes qui se déroulent actuellement dans les villes espagnoles sont une réponse logique à l’étonnement qui avait justifié mon billet lors de mon passage à Madrid.
Pour ma part je suis assez d’accord avec les observations de Valentin. Pour avoir vécu en Erasmus durant 6 mois en Espagne, je considère le tableau qui a été peint dans ce post comme étant vrai à 90%.
La plupart des jeunes espagnols que j’ai rencontré ne s’interresse pas à leur système politique, et ne veulent meme pas voter car ils se disent (je cite) « antimonarchiste »!!
Profiter des allocations au chomage ou rester étudiants sans vraiment étudier (en étudiant par correspondance par exemple) est monnaie courante en Espagne.
Sans vouloir virer dans le cliché, puisque je ne pense pas, évidemment, que tous les espagnols soient comme ça, je pense que les stéréotypes ont leur part de vérité.